Antigone - 2009

"Antigone" de Sophocle / Aux Éditions du Solitaire Intempestif / Par I. Bonnaud et M. Hammou / Traduction 2004
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Cette pièce, vieille de plus de 2000 ans, dont l’intrigue est connue de tous, se révèle être un
brûlot incisif et caustique vilipendant les querelles des grands et des puissants qui ne laisse aux vulgaires et à la plèbe qu’une place de spectateurs. Spectateurs qui devront payer les frais de ce conflit, quelle qu’en soit l’issue.

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Violente, grinçante, arrogante, cette pièce nous percute aujourd’hui plus que jamais.

Un gouvernant, agressif, omniprésent, omnipotent et paranoïaque qui s’arroge le droit d’un peuple, se l’approprie, affronte une pythie gardienne des lois et de la morale des dieux, une intégriste fanatique prête à tout sacrifier.

Le conflit est au coeur de la tragédie de Sophocle. Il oppose le pouvoir Divin et le pouvoir du
Politique. D’abord Créon, isolé sur le dérisoire radeau du pouvoir, harcelé mais endurant les coups comme un boxeur gardant coûte que coûte le centre du ring, frappant fort, partout, n’importe où. Arrive l’autre, Antigone, précise, acérée. Elle vient pour mourir en donnant l’estocade.

Partant de la vanité de ces querelles, nous voulons replacer l’individu au coeur de cette
tragédie. Et s’il est vrai que l’Histoire est écrite par les vainqueurs (les puissants), le théâtre se doit de rendre compte de l’histoire des vaincus. Sur une simple estrade isolée au centre de restes, éclairée par de dérisoires lanternes, les quatre protagonistes vont détailler cette agonie. Sans pathos, avec force et rythme. Ultime tragédie où il n’en reste qu’un, que la mort punit en l’oubliant. Folie du pouvoir, dont l’excès pourrait prêter à rire, s’il n’entraînait tout un peuple dans sa chute.

Il nous fallait tout dire avec rien. Un fauteuil de bureau fait trône, une estrade palais, des
vêtements entassés la plèbe, de pâles lumières de chantier les feux de la victoire, puis du deuil. C’est dans ces mots à l’emporte-pièce, puissants coups de hâche donnés par chacun que se joue l’action, dans cette langue corrosive comme le pouvoir.



Monologue / Euridice

« pour moi - mourir en l’enterrant - c’est une belle mort - je serai couchée près de lui - aimée de celui que j’aime - criminelle par piété - je dois plaire plus longtemps à ceux d’en bas qu’à ceux d’ici - là-bas je serai couchée pour toujours »
Antigone

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Ainsi, après avoir échappé au bain de sang promis par les fils d’Oedipe voilà les Thébains aux prises avec des desseins « supérieurs ». Ludique, vivante, tonique c’est ainsi que nous imaginons cette pièce. Ce qui se jouera en dehors du drame se devra de répondre à l’exigeante écriture de Sophocle. C’est presque à un affrontement entre deux théâtres, entre la comédie et la tragédie, qu’il nous convie et c’est dans un esprit au final plus proche d’un théâtre de tréteaux que dans le confort de nos rideaux rouges habituels que nous abordons cette pièce.

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Antigone : Vois, veux-tu souffrir et agir avec moi
Créon : Les hommes n’ont rien inventé de pire que l’argent
Ismène : Ton coeur est chaud pour ceux qui sont froids
Coryphée : Personne n’est assez fou pour désirer mourir
Le garde : Hélas il est seul juge et n’a pas de jugeote
Hénon : Il n’est pas de cité qui soit à un seul homme
Tirésias : Dans la profession des chefs d’états tout le monde aime l’argent sale
Eurydice : J’ai l’expérience du malheur

« Le tragique n’est rien d’autre que la prise de conscience de la nécessité. »
André Bonnard in Trois chefs d’oeuvre de la tragédie grecque - 1961

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Mise en scène de Mathias Beyler
Antigone : Valerie Gasse / Créon : Mathias Beyler / Coryphée, Tirésias, Serviteur : Stefan Delon / Ismène, le garde, Hémon, le messager : Maëlle Mietton / Euridice : Fabienne Bargelli

C’est sur la proposition de résidence d’une année faite par le Théâtre de la Mauvaise Tête de Marvejols que U-structurenouvelle met en scène ce spectacle.

  • Créé avec le soutien du TMT de Marvejols, de la Région Languedoc-Roussillon et de la Ville de Montpellier. Ce spectacle bénéficie de l’aide à la diffusion de Réseau en scène.
  • Merci à Jean-Pierre Kircher de ADDA Scènes Croisées de Lozère.